Lancé par la FUB (Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette) en 2024, le programme Vélo-Égaux s’est donné pour objectif d’ici fin 2026 d’accompagner 15 000 personnes vers la pratique du vélo. Clara Vadillo Quesada, cheffe de projet Mobilités actives, fait le point sur le déploiement de ce programme destiné aux personnes en situation de précarité énergétique.
Publié le 5 décembre 2025
Pourquoi le programme Vélo-Égaux a-t-il été créé ?
Clara Vadillo Quesada : En 2022, lorsque le plan de sobriété énergétique du gouvernement, qui comprenait un appel à programmes CEE (Certificats d’économie d’énergie) a été publié, plusieurs associations adhérentes ont sollicité la FUB pour concevoir un programme qui allierait précarité énergétique et apprentissage du vélo. Ces associations constataient que leurs publics en situation de précarité rencontraient des freins pour s’engager dans une démarche d’éducation à la mobilité à vélo, mais aussi pour aller jusqu’au bout de cet apprentissage. Ils avaient donc besoin d’être accompagnés tout au long de leur parcours. C’est ce que permet Vélo-égaux en finançant à la fois des séances de vélo-école et des postes de conseillers vélo.
Qui sont les bénéficiaires et en quoi consiste le parcours qui leur est proposé ?
V. Q. : Depuis 2024, Vélo-Égaux est déployé dans 20 territoires pilotes par des associations dédiées à la mobilité ainsi que des structures de l’accompagnement social et de l’insertion professionnelle, toutes avec un intérêt pour la mobilité à vélo. Il s’adresse à des personnes en situation de précarité énergétique telle que la définit l’Agence nationale de l’habitat. Ce sont des demandeurs d’emploi qui veulent élargir leur périmètre de recherche, des personnes qui doivent réduire leur budget mobilité, des personnes demandeuses d’asile, ou encore des parents qui voient dans le vélo une activité peu coûteuse à faire avec leurs enfants.
Les bénéficiaires sont orientés par des prescripteurs tels que des missions locales, des bailleurs, des plateformes de mobilités ou encore des associations de solidarité. Ils sont accueillis par le conseiller vélo qui réalise un diagnostic mobilité vélo. Cela lui permet d’établir la durée du parcours et le nombre de séances nécessaires pour apprendre à se déplacer à vélo. Le parcours comprend un atelier d’initiation à la mécanique et la possibilité d’acquérir gratuitement un vélo issu du réemploi. Il se clôture par un bilan à chaud pour savoir si la personne est satisfaite de son accompagnement et si elle a déjà commencé à faire du vélo en autonomie.
La pratique du vélo a des effets sur le budget transport des personnes, leurs opportunités d’emploi, de formation ou de loisirs, et finalement sur leur confiance en elles et leur bien-être.
Quels sont les impacts recherchés à travers ce programme ?
V. : En tant que programme CEE, le premier objectif de Vélo-Égaux est de réaliser des économies d’énergie grâce à l’utilisation du vélo comme alternative à des modes de déplacement motorisés. La pratique du vélo a aussi des effets sur le budget transport des personnes, leurs opportunités d’emploi, de formation ou de loisirs, sur leur santé physique et mentale, leurs relations sociales, et finalement sur leur confiance en elles et leur bien-être.
A l’heure actuelle, 3400 personnes sont accompagnées, et 600 sont allées jusqu’au bout du parcours d’apprentissage. L’analyse des bilans à chaud nous a fourni quelques indicateurs de réussite. Parmi les 17 % de bénéficiaires qui démarraient de zéro, 100 % ont rempli leur objectif d’apprendre à faire du vélo. Nous savons aussi que 82 % souhaitaient utiliser le vélo comme mode de transport, et 95 % remplissent partiellement ou totalement cet objectif. La présence du conseiller vélo, tant auprès des bénéficiaires que des prescripteurs, s’est avérée centrale dans la réussite de cette première phase.
L’objectif est de démontrer aux prescripteurs et aux financeurs que le vélo est une solution crédible de mobilité inclusive.
Comment envisagez-vous la suite pour Vélo-égaux ?
V. : En 2026, le programme va entrer dans sa deuxième phase avec l’intégration de 15 territoires d’essaimage. C’est une manière d’anticiper la fin du financement CEE prévue en 2027. Nous souhaitons inciter les acteurs (collectivités territoriales, vélo-écoles, chantiers d’insertion…) qui voudraient mettre en œuvre le dispositif Vélo-Égaux à collaborer et à chercher d’autres financements. Nous allons les accompagner sur un aspect plus méthodologique que dans la première phase. L’objectif est qu’ils puissent démontrer aux prescripteurs et aux financeurs que le vélo est une solution crédible de mobilité durable et inclusive.