Retour d'expérience

Avec le pair-à-pair, Mobilex touche des habitants peu intéressés par la mobilité

Pour toucher les personnes en situation de précarité mobilité, l’association Mobilex, à Strasbourg, a déployé des ambassadeurs mobilité. Sur le terrain, ça donne quoi ? Retour d’expérience sur cette action lancée il y a deux ans avec Alessia Gendron, chargée de projet écomobilité inclusive à Mobilex.

Publié le 18 juillet 2025

Qui sont les ambassadeurs et ambassadrices mobilité ?

Alessia Gendron :Nos ambassadeurs et ambassadrices vont dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV) pour sensibiliser les habitants à la Zone à faibles émissions (ZFE) et, plus globalement, aux enjeux de mobilité. L’équipe se présente sur des lieux clés de l’espace public et propose un questionnaire aux passants. Il s’agit de leur présenter et d’appréhender leurs connaissances sur la ZFE et de les informer sur les aides dont ils peuvent bénéficier. Cette action, initiée avec l’Eurométropole de Strasbourg, a été poursuivie avec le programme Tims début 2023.

Les ambassadeurs et ambassadrices ont aussi mené des actions en porte-à-porte. Ils se sont rendus chez les gens pour leur proposer un questionnaire portant, cette fois, sur les habitudes de vie, incluant la mobilité. Ensuite, les volontaires se sont vu proposer des gestes à réaliser, comme prendre le bus au lieu de la voiture. Ils recevaient deux appels téléphoniques à six semaines d’écart, pour faire le point.

Quel bilan dressez-vous de l’action ?

AG : Le porte-à-porte n’a pas bien fonctionné sur notre territoire. Outre des problématiques de sécurité pour les ambassadeurs et les ambassadrices, l’action a été peu efficace : seulement 10 % des 953 personnes visitées ont répondu. Cela nous amène à repenser notre manière d’aborder les habitants : en pied d’immeuble, avec les associations du quartier…

L’action ZFE, en revanche, a eu des résultats très positifs. Lorsque quelqu’un répond au questionnaire, pour nous, c’est déjà un succès. En deux ans, nous avons ainsi touché 9 526 personnes sur huit QPV : nous ne pensions pas en avoir autant ! Certaines ont découvert la ZFE, les vignettes Crit’air ou l’existence de l’Agence du climat, vers laquelle nous les renvoyons pour des conseils sur mesure. Actuellement, nous sommes sur le 9e quartier et comptons accélérer le rythme pour atteindre les 21 QPV strasbourgeois avant la fin de Tims.

 

Selon vous, quels sont les atouts de l’opération ?

AG : D’abord, la démarche d’aller vers les habitants : aller à leur rencontre, sur leur terrain. Ensuite, le profil des ambassadeur et des ambassadrices est déterminant. Ce ne sont pas des agents de la collectivité mais des personnes en contrat d’insertion, issues elles-mêmes de QPV. Ça change tout . Elles connaissent les différentes cultures, langues, religions… Elles savent que les sujets qui préoccupent d’abord les habitants, ce sont les repas, l’état de l’immeuble, les fins de mois… pas la mobilité ! Elles savent donc s’adresser à eux. Ces derniers se sentent compris et rassurés.  Ils ne se braquent pas, et l’échange peut s’ouvrir : sur les trajets quotidiens, sur les alternatives à la voiture et aux pieds… Ce pair-à-pair est vraiment précieux. C’est comme cela que nous pouvons atteindre un maximum de personnes.

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