Retour d'expérience

La plateforme mobilité 63 permet aux collectivités d’agir

Créée en 2009, la Plateforme mobilité du Puy-de-Dôme propose des solutions de mobilité aux publics les plus empêchés de se déplacer sur l’ensemble du département. D’abord pour le Conseil départemental, elle met aujourd’hui son expérience au service de tous les acteurs publics locaux grâce à un solide ancrage territorial. Rencontre avec son président Raymond Collet et sa directrice Claire Laignez.

Publié le 27 mai 2025

Comment la plateforme de mobilité du Puy-de-Dôme a-t-elle vu le jour ?

Raymond Collet : Notre plateforme a été créée par six associations travaillant dans le champ de l’insertion sociale et professionnelle. Chacune de leur côté, elles mettaient en œuvre des solutions de mobilité. Garages solidaires, location de scooters, auto-école… Pour mutualiser leurs efforts, elles ont ressenti le besoin de se regrouper. En parallèle, les travailleurs sociaux faisaient remonter que la mobilité était l’un des premiers freins à l’insertion socioprofessionnel, le Conseil Départemental a souhaité s’impliquer sur cette problématique et recherchait un interlocuteur unique sur le département. Notre mission initiale a été de construire, dans le cadre d’un marché public avec le Conseil départemental, une offre globale et diversifiée d’aides à la mobilité sur l’ensemble du Puy-de-Dôme. Depuis, les financements et les solutions proposés se sont diversifiés. 

Aujourd’hui, la structure couvre tout le territoire, intervient dans 21 lieux différents et repose sur 40 professionnels de la mobilité

Raymond Collet

Président de la Plateforme mobilité du Puy-de-Dôme

En 2024, la gouvernance de la plateforme a évolué et s’est ouverte à tout l’écosystème de la mobilité. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Claire Laignez : La mission réalisée pour le Département nous a permis d’acquérir de l’expérience et une expertise que nous pouvons mettre à profit : nous sommes aujourd’hui légitimes à accompagner les collectivités locales dans la construction et la mise en œuvre de leur politique de mobilité inclusive, grâce à notre ingénierie financière et technique. En créant six collèges au sein de notre réseau, et en ouvrant notre gouvernance à cet écosystème, nous souhaitons nous positionner au cœur des enjeux de mobilité et au service des acteurs publics. Fin 2024, 29 adhérents publics ou privés ont rejoint la structure. Avec déjà 7 EPCI – soit la moitié des collectivités du département.

Le rôle des collectivités locales est-il important ?

R.C : Les acteurs locaux ont besoin d’outils très ancrés sur le territoire pour répondre aux problématiques des personnes en difficultés qui n’ont pas les moyens de se déplacer (personnes sans permis de conduire ou en perte d’autonomie, coût d’achat ou de fonctionnement du véhicule…). Et elles sont de plus en plus nombreuses ! Aujourd’hui, on constate que les Maires sont démunis : quelle solution proposer à des habitants qui vivent au fond d’une vallée où aucun transport public n’est présent ? Cette plateforme est une opportunité pour elles d’agir dans un contexte social de plus en plus difficile. Par ailleurs, nous devons trouver ensemble la façon de financer ces actions ! Il est impératif que nous anticipions le modèle économique de la plateforme et de ce type de service, au-delà des financements CEE qui vont s’interrompre à moyen terme.

Vous avez mis en œuvre le transport d’utilité sociale. Quel est ce dispositif ?

C.L : Tous Mobiles – Le réseau solidaire est un projet expérimental que nous avons développé en premier sur la Communauté de Communes Chavanon Combrailles et Volcans (CCV) et que nous déployons maintenant sur plusieurs territoires. C’est un service qui repose sur des bénévoles grâce auxquels des personnes empêchées de se déplacer peuvent être accompagnées ponctuellement. Au total, en 2024 sur CCV, une trentaine de bénévoles ont déjà permis de réaliser 1 420 trajets au profit de 164 bénéficiaires. Le déploiement de ce dispositif est l’un de nos engagements dans le cadre du programme Tims.

R.C : Ce réseau s’appuie sur des personnes qui ont un peu de temps (jeunes retraitées, nouveaux arrivants sur le territoire, personnes en recherche d’emploi…) et il rend service à tout le monde. En effet, les bénévoles ont besoin de briser leur solitude et de se sentir utiles. Tous Mobiles agit ainsi en faveur de la cohésion sociale du territoire et de l’entraide entre habitants. Ce transport d’utilité sociale intéresse beaucoup les collectivités locales. C’est un projet attractif, un point d’accroche à partir duquel il est possible ensuite de construire une politique plus globale avec la mise en place progressive d’autres projets inclusifs et durables (formation, accompagnement, mise à disposition de véhicules…). 

L’enjeu environnemental s’est progressivement intégré à nos programmes sous l’impulsion des politiques publiques.

Claire Laignez

Directrice de la Plateforme mobilité du Puy-de-Dôme

Comment avez-vous intégré la dimension de durabilité à vos actions ?

C.L : . La voiture risque de devenir à moyen terme un objet de luxe. Nous devons l’anticiper et proposer un autre modèle que celui du « tout voiture ». Mais à la campagne, il est beaucoup plus difficile qu’en ville de faire évoluer les usages des habitants… Dans le cadre de notre premier programme CEE Pend Aura + ,nous avons imaginé des ateliers d’écomobilité en territoire rural. Aujourd’hui, nous développons le projet des Mobilités fédérées avec nos partenaires (SMTC, Détours et les Monts qui Pétillent), lauréats de l’appel à projets Tims. Notre objectif est d’impulser le changement de comportement et permettre à tous de se déplacer tout en réduisant l’impact écologique des transports. C’est un axe de travail important de notre plateforme et il tient à cœur à ses adhérents !

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