Cette association rennaise a mis en place un standard téléphonique pour les personnes à la recherche d’un covoiturage mais qui ne maîtrisent pas les outils numériques. Au bout du fil, une salariée s’occupe de trouver les trajets qui correspondent à leurs besoins.
Publié le 13 janvier 2025
Rayonnant partout en Bretagne depuis 2018, la plateforme téléphonique Ehop solidaires aurait aussi pu s’appeler “3615 covoiturage”. « Du lundi au vendredi, de 9h30 à 12h30 et de 14h à 17h, une salariée recueille les besoins des personnes qui appellent puis recherche pour eux le covoiturage adéquat », décrit Ophélie Bigot, co-directrice d’Ehop, association qui promeut le covoiturage « pour tous et pour tous les trajets ».
Une fois raccroché, la standardiste épluche la base de données répertoriant des covoitureurs solidaires, et les annonces des plateformes du type Blablacar, Karos, ou Ouestgo. En dernier recours, si aucun trajet n’est trouvé via ces canaux, un appel est passé sur les réseaux sociaux. « Il peut arriver qu’une personne accepte de se déplacer exprès pour dépanner, mais c’est très marginal, ce n’est pas du tout notre politique, souligne la co-directrice. Notre volonté est d’optimiser l’occupation des voitures qui sont sur la route, et non de créer de nouveaux trajets. » Ehop solidaires parvient à répondre en moyenne à 40 % des demandes.
Précarité mobilité et numérique
Sensibilisés aux avantages du covoiturage et aux règles à respecter – politesse, ponctualité – les utilisateurs d’Ehop solidaires cumulent des difficultés en matière de mobilité et de numérique. Ce qui les empêche d’utiliser les sites de covoiturage.
Beaucoup sont des seniors isolés et des migrants qui ne maîtrisent pas le français. « Plus de 30 % des usagers sont orientés par un organisme prescripteur comme la Mission locale, la mairie ou une agence d’intérim, indique Ophélie Bigot. Ils sont souvent en grande difficulté sur plusieurs dimensions. C’est pourquoi le service de recherche est offert. Ils ne payent que le partage des frais avec le covoitureur. »
Jusqu’à 2024, Ehop solidaires ne prenait en charge que les demandes en rapport avec l’emploi : aller au travail, participer à une formation, se rendre à un entretien d’embauche. Grâce à un financement accordé par le programme Tims, l’offre sur le bassin rennais a pu être élargie à tous les déplacements de proximité.
Pour beaucoup, le covoiturage se résume aux longues distances et aux trajets domicile-travail, ce qui en ferait une solution de déplacement réservée aux actifs. Notre objectif est de démontrer qu’au contraire, le covoiturage peut être utilisé pour tous les déplacements du quotidien, et notamment par les seniors.
Le covoiturage pour tous les types de déplacements
« Notre démarche part du constat qu’il ne sera jamais possible de mettre des transports en commun partout en Bretagne, mais que plein de voitures circulent partout, explique Ophélie Bigot. Or, selon nous, ces voitures pourraient offrir une solution de mobilité pour tous les déplacements, pas seulement les trajets domicile-travail, et ainsi faciliter l’accès aux soins et aux services publics. »
Membre de Mob’In Bretagne et de trois consortiums favorisant une mobilité durable et inclusive – l’un porté par Don Bosco, l’autre par We Ker et le troisième par TiMouv -, Ehop diffuse ce message auprès des collectivités, des acteurs socio-professionnels et des employeurs depuis 2002. « Il faut beaucoup de temps pour faire durablement changer les comportements, observe la co-directrice. La représentation de la voiture est encore très individualiste et liée à la liberté. Faire monter quelqu’un dans sa voiture est une chose, devenir soi-même covoitureur en est une autre. »