Le conseil en mobilité décarbonée

Comment est née l’Agence du climat de Strasbourg ?

Agathe Collard : L’Agence s’est constituée dans le cadre du plan Climat 2030 de l’Eurométropole. Elle a un fonctionnement associatif avec plus de 90 structures membres. Le conseil en mobilité est opérationnel depuis janvier 2022, date de la première phase d’interdiction pédagogique des véhicules Crit’Air 5 et sans vignette, dans la Zone à faibles émissions (ZFE) de Strasbourg. L’Eurométropole a mis en place des aides associées pour changer de véhicule ou passer sur des mobilités alternatives. Pour y accéder, les ménages doivent bénéficier en amont d’un conseil en mobilité décarbonée. L’objectif est que chacun puisse avoir les clés pour revoir une partie de ses déplacements.

En quoi consiste ce conseil en mobilité décarbonée ? 

Victor Douilly : Les rendez-vous ont lieu par téléphone ou en présentiel, parfois dans des points de permanence sur le terrain. Nous faisons un diagnostic des pratiques de mobilité de l’usager, analysons son projet, ses contraintes et besoins en termes de déplacement. Nous lui indiquons les solutions les plus adaptées et les moins polluantes, les aides financières mobilisables (prime à la conversion, aide à l’achat de vélo, compte mobilité…) et les démarches administratives. S’il rentre dans les critères d’éligibilité, nous lui remettons une attestation pour le dépôt de son dossier. Face à l’augmentation de la demande, nous avons lancé en 2024, des conseils groupés

AC : Pour les entreprises et collectivités, l’Agence accompagne les changements et réflexions sur l’usage d’une flotte de véhicules ou pour sensibiliser des salariés ou agents municipaux dans le cadre des plans de mobilité employeur. Sur le territoire, notre guichet unique de solutions dispense des conseils et oriente vers les structures adaptées en cas de besoin. L’Agence agit pour aider à l’acceptabilité des mesures du plan Climat. Par le conseil, elle participe à la réduction du nombre de véhicules en circulation, à des pratiques plus durables et à la réduction des émissions.

Comment les sujets d’accompagnement se sont-ils étoffés ? 

AC : Sur les sujets mobilité, nous étions deux au démarrage, puis neuf et bientôt onze. Notre organisation est centrée sur la veille et le partage d’informations en interne. Des référents ont été définis (transport en commun, autopartage, vélo). Nos conseillers ont des profils variés, c’est ce qui fait la force de l’équipe. Nous saisissons les opportunités de formations de l’ADEME et suivons les recommandations de la Fédération des agences locales énergie-climat. Il faut se former constamment pour proposer un accompagnement toujours plus pertinent.

Vous allez aussi sur le terrain, à la rencontre de publics précaires ?  

VD : Dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, nous menons des actions ciblées. Souvent, les véhicules y sont plus anciens et polluants. Les personnes sont moins au courant de l’existence de la ZFE, des interdictions associées ou des aides pour changer de mobilité. Avec l’Eurométropole et Mobilex, nous avons déposé un dossier dans le cadre du programme Tims pour mener un accompagnement plus poussé dans ces quartiers. Des ambassadeurs vont à la rencontre des habitantes et des habitants et les redirigent vers l’agence. Dans le quartier Neuhof, nous allons accompagner des volontaires dans une démarche de changement. Grâce à Tims, nous allons aussi avoir un conseiller dédié à un site de la collectivité où les salariés sont potentiellement en situation de précarité et très dépendants de leur voiture. En tant que conseillers, nous avons un rôle-clé à jouer.