Bien au-delà des questions d'infrastructure et de transport, le thème de la mobilité met en lumière les enjeux de l'aménagement d'un territoire, révélant les manques et les inégalités. Pour favoriser la mobilité durable et inclusive, les territoires et en particulier les collectivités locales ont un rôle à jouer.
Publié le 17 septembre 2024
« En 2021, 62% des communes ne disposaient d’aucun commerce. Elles n’étaient que 25% en 1980. Pour leurs habitants, l’accès à la mobilité est une nécessité vitale » affirme Sonia Devaux, autrice, pour le Secours Catholique d’un rapport sur le déficit de mobilité dans les territoires ruraux. Dans les zones rurales, précise-t-elle citant les chiffres issus de cette enquête : « Quatre déplacements sur cinq se font en voiture, faute d’alter- native. 10 % des ménages les plus pauvres n’ont pas accès à un véhicule. Et seuls 19 % des habitants peuvent choisir leur mode de transport. »
« Il s’agit là d’une forme de violence qui les prive d’accès au travail, aux loisirs, à la santé, à l’alimentation, à la formation… La mobilité c’est véritablement l’accès aux services essentiels », insiste-t-elle, notant au passage les externalités négatives du tout-auto : émissions de gaz à effet de serre, pollution de l’air, dévitalisation des centres-villes, déserts médicaux, mortalité routière…
« Le tout-voiture n’est viable ni économiquement, ni écologiquement. L’augmentation du prix du carburant est source de précarité : les plus fragiles doivent arbitrer entre les déplacements, renoncer à des consultations médicales ou aux loisirs des enfants », dénonce Sonia Devaux, également chargée de mission mobilité inclusive et durable en milieu rural du Secours Catholique. Pour autant, il n’est pas question de supprimer la voiture. « Il s’agit à la fois d’offrir des alternatives durables à la voiture individuelle et d’augmenter les aides au changement de véhicule pour les personnes les plus précaires pour lesquelles ces alternatives n’existent pas. Il faut en effet répondre, à court terme, à leurs besoins immédiats, sans renoncer à travailler, sur le temps long, à un futur désirable. Il faut des solutions pérennes. Nous ne sortirons de la dépendance à la voiture individuelle qu’avec un retour des services de proximité dans les territoires », indique Sonia Devaux qui plaide pour que les collectivités s’emparent du sujet, en partant des besoins des citoyens et en les accompagnant.
« L’absence d’accès à la mobilité est une forme de violence »
Depuis plus de dix ans, l’agence régionale Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement (AURA-EE) agit pour une mobilité pour toutes et tous, et dans tous les territoires..
« En matière de mobilité, l’objectif doit être de se déplacer moins et mieux », explique Céline Vert, responsable mobilité pour AURA-EE. Pour cela, il est fondamental de commencer par un diagnostic de territoire afin d’identifier les besoins de mobilité, les générateurs de déplacement, le niveau d‘offre existant, les acteurs présents et les actions déjà en place. « Cela permet d’identifier les enjeux prioritaires et la pertinence pour construire une feuille de route adaptée », résume Céline Vert, pour qui la mobilité est un enjeu d’aménagement du territoire. « Les collectivités sont au cœur du système. Elles doivent adopter une approche transversale et systémique, c’est-à dire qui ne se limite pas au développement d’infrastructures de transport mais qui inclut les enjeux de transition écologique, de cohésion sociale, de développement économique, d’urbanisme… et qui coordonne tous les acteurs et prescripteurs de mobilité notamment en s’ouvrant aux territoires voisins », relève la spécialiste.
Dans le cadre du programme Tims, un appel à manifestation d’intérêt “Territoires à mobilité durable et inclusive” (TEMI) a été lancé. « L’idée est de faire émerger, à la manière des TEPOS (Territoires à Énergie positive), des Territoires à mobilité durable et inclusive, que nous allons accompagner sur deux ans, à partir de septembre 2024 » annonce-t-elle.
« Les collectivités sont au cœur du système »