Entre le vélo et la voiture, « les véhicules intermédiaires sont l’avenir de la mobilité »

Pourquoi avoir entrepris La Nouvelle Aventure Mobile ? 

 Jérôme Zindy : Cette série de reportages vidéo démontre que nous avons en France des solutions concrètes et accessibles de mobilité décarbonée. Pourtant, on en parle peu dans les médias ! Aujourd’hui, le coût de la voiture individuelle explose et 15 millions de personnes vivent en situation de précarité-mobilité. Il faut au contraire faire connaître les projets qui permettent vraiment d’agir en faveur du changement de nos modes de vie et de la transition ! Nous avons des besoins essentiels comme aller au travail, accéder aux soins, à la culture, aux activités sportives… et des besoins collectifs, comme le transport de marchandises ou le transport scolaire. Alors comment faire pour se passer de l’automobile ? 

Vous vous êtes d’abord intéressé au vélo.

J.Z : Le vélo a un potentiel de transformation énorme. Pas seulement pour réduire les émissions de carbone : il permet de mieux vivre dans des villes plus respirables ; il apporte de la joie, du contact avec la nature et les éléments. Mais il ne peut pas être une solution pour tout le monde. Grâce au projet Extrême Défi Mobilité de l’ADEME porté par l’ingénieur Gabriel Plassat qui fait un travail de prospective dans le champ du transport et de la mobilité, j’ai découvert les véhicules intermédiaires. Ils offrent des solutions de déplacement pour remplacer la voiture au quotidien dans les territoires périurbains et ruraux, mais aussi en ville. 

Qu’est-ce qu’ un véhicule intermédiaire ? Comment contribue-t-il à sortir du modèle du tout voiture ?

J.Z : Le véhicule intermédiaire est le chaînon manquant entre le vélo et la voiture. Alors qu’une petite voiture électrique fait 1,5 tonne, les véhicules intermédiaires sont plus légers (maximum 600 kilos) durables et recyclables. Ils peuvent aller jusqu’à 90 km/heure et transporter jusqu’à 4 personnes.

Électriques, leur batterie est jusqu’à 20 fois moins lourdes que celle des voitures électriques actuelles. Par exemple, Midipile est un petit utilitaire conçu pour les professionnels, dix fois moins gourmand en énergie qu’un utilitaire électrique. Il peut rouler jusqu’à 45 km/heure et transporter 300 kilos de marchandises. La Bagnole déployée par la startup haut-savoyarde Kilow, est un quadricycle électrique léger, qui a même une batterie réparable ! Cette dernière est une filiale du groupe Savoy, un équipementier automobile qui se projette ainsi sur la fin du véhicule thermique et anticipe l’avenir.

Croyez-vous en la généralisation de ces véhicules ?

J.Z : Oui. Ils sont encore très novateurs mais leur potentiel est énorme. La Nouvelle Aventure Mobile m’a permis de rencontrer les pionnières et les pionniers de cette mobilité durable et « made in France ». Un large panel d’acteurs : constructeurs, écoles d’ingénieurs, start-ups. Il faudrait un gros coup de pouce de l’État pour généraliser ce nouveau type de véhicules, et faire en sorte que des prototypes passent en phase industrielle. Ils pourraient par exemple bénéficier des mêmes aides à l’achat que les voitures électriques, ou encore du leasing social. Dans les zones périurbaines et rurales où l’offre de transport est insuffisante et serait trop coûteuse à développer, les véhicules intermédiaires ont un rôle à jouer, combinés avec la marche, le vélo, l’autopartage, les transports en commun et le train.